Les comportements addictifs en contexte de crise sanitaire | Personnel n°607

Les comportements addictifs sont exacerbés par le contexte que nous vivons depuis début 2020. La crise sanitaire et le confinement ont produit des effets cumulés pour créer un contexte inédit de rupture brutale et radicale avec une vision établie du monde. L’effet a été ressenti au niveau planétaire créant de manière simultanée un futur incertain. Ceci a favorisé l’intensification des comportements addictifs, l’adoption de pratiques abusives et l’excès de substances propres à nous faire oublier l’effondrement momentané du cadre normatif.
>> Article issu du numéro de janvier-février 2021 de Personnel, la revue de l'ANDRH
Qu’entend-on par addiction ?
Il s’agit d’un phénomène de dépendance qui n’est pas toujours pathologique. Nous avons besoin de nourriture, d’oxygène, de lien social et affectif, du travail pour exister sur un plan physiologique et psychologique. En revanche, la dérive et l’excès des comportements qui proviennent de ces besoins peuvent devenir problématiques lorsqu’ils deviennent une contrainte non maîtrisée et que l’individu est envahi par une pulsion irrépressible de répéter cette conduite au détriment de son équilibre physiologique et psychologique. Il s’agit en fait d’une incapacité à dire « non » au besoin au-delà d’un « point de satiété ». L’objet de l’addiction tend à se transformer en unique source de plaisir et de bien être psychique aboutissant à créer la peur de manquer.
« La dépendance vis-à-vis des écrans est liée, dans un contexte professionnel, à l’impression d’une performance plus accrue. »
Pourquoi le confinement et le télétravail de manière plus générale ont exacerbés ce genre de comportements ?
De la même manière que personne ne réagit de la même manière face à une crise ou une situation potentiellement traumatique, en situation de stress, chacun cherchera à sa manière une solution d’apaisement. Le contexte de confinement et de télétravail aurait fait émerger quatre addictions particulièrement en vogue : l’hyper-connexion aux écrans à titre professionnel ou personnel, le tabac, l’alcool et le cannabis.
« L’important est de rythmer sa journée avec des jalons obligatoires et de prévenir les risques d’addiction par une observation bienveillante de ses comportements. »
- penser à un produit ou à un comportement de plus en plus souvent et de plus en plus tôt après le lever, voire se réveiller et faire des insomnies ;
- tenter de passer à une autre forme de distraction sans succès ;
- constater des effets nocifs tels que des douleurs physiologiques, des difficultés relationnelles, des comportements d’isolement accrus, une sensation d’anxiété quand il n’est pas possible d’accéder à l’objet de l’addiction. L’hyper-connexion peut dans ce cas entraîner un sentiment de culpabilité.
Est-il possible de prévenir les comportements addictifs ?
- se lever et se coucher à des heures fixes,
- écouter les besoins du corps en respectant un nombre d’heures de sommeil, en étant régulier dans la prise de 3 repas équilibrés par jour, en sachant gérer des pauses déconnexion d’écran dans la journée
- en profiter pour faire des exercices d’étirement, ou de visualisation créatrice.
« L’entreprise peut jouer également un rôle de prévention si les managers et les membres de la fonction RH apprennent à identifier les signaux faibles des comportements addictifs à distance. »
Quel rôle pour l'entreprise ?
« La généralisation du télétravail et l’annonce d’une éventuelle troisième vague de confinement doivent inciter à considérer que la problématique est susceptible de prendre de l’ampleur. »