C’est une évolution profonde de nos économies et de nos sociétés, que doivent réaliser l’ensemble des acteurs : pouvoirs publics, citoyens, associations, entreprises…
La mobilisation de tous est nécessaire afin d’atteindre la neutralité carbone et de restaurer la nature tout en assurant l’équité de cette transformation. Le projet est ambitieux mais possible !
La France ayant désormais passé le cap d’une électricité largement décarbonée et ayant fortement réduit les émissions de carbone de son industrie, les solutions résident maintenant dans les domaines de la mobilité, du bâtiment, de l'agriculture et de l'alimentation, ainsi que des modes de consommation. On le voit, la transition écologique ne concerne pas uniquement les acteurs dont le développement durable est au cœur de leur activité, elle s'étend également à toutes les entreprises dans une approche systémique. Les enjeux environnementaux sont à la source de ce qui apparait comme une véritable révolution sociétale.
Les changements climatiques et la perte de biodiversité créent des risques concrets pour l’économie mondiale et pour la pérennité des entreprises. L’identification des risques environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur deviennent pour les entreprises des conditions essentielles pour assurer leur pérennité.
L’arrêt de la circulation de marchandise sur le Rhin pour cause de sécheresse, mais aussi la crise de la covid-19, ou le blocage du canal de Suez par l’Evergreen sont autant d’exemples concrets de la matérialité bien réelle de ce qu’on qualifie couramment de risques extra-financiers.
Evènements extrêmes, crise climatique qui s’aggrave… Depuis plusieurs années, les risques environnementaux ont émergé comme des menaces majeures. En 2020, pour la première fois, le top 5 des risques identifiés dans le rapport annuel du Forum économique mondial était constitué de risques liés à l’environnement, devant les risques économiques, géopolitiques ou technologiques.
Dans son rapport "Transparency to transformation : a chain reaction" paru en février 2021, l’ONG CDP évalue l’impact financier du changement climatique, de la déforestation et de l’insécurité hydrique à 1 260 milliards de dollars pour les entreprises (dont 120 milliards d'euros sur les seules chaînes d’approvisionnement) sur les cinq prochaines années. Les évolutions d’habitudes de consommation, la difficulté d’accès au capital ou encore des dépenses opérationnelles accrues sont notamment en cause.
Dans certains secteurs, les entreprises sont particulièrement exposées à une perte de valeur. C’est le cas des acteurs des énergies fossiles dont la capitalisation boursière a fortement baissé. Le poids du secteur pétrolier et gazier dans le CAC40 est par exemple passé de 13 % à 6 % entre 2010 et 2020.
Mais toutes les entreprises sont concernées et différents types d’alertes peuvent advenir. Si les risques opérationnels sont directement liés aux impacts physiques de la crise écologique, les risques réglementaires, financiers, de marché et de réputation sont bien réels.
Face à ces enjeux et dans un contexte où la prise de conscience de la société et la pression des parties prenantes sont accrues, des transformations s’avèrent incontournables. Nombreuses sont les entreprises qui font évoluer leur stratégie et leur business model pour réduire les menaces auxquelles elles sont confrontées et les transformer en de nouvelles opportunités et leviers de croissance. C’est le cas par exemple de TotalEnergies qui diversifie ses activités (fourniture d’électricité, productions d’énergies renouvelables, services…) ou de Renault qui s’est fixé pour objectif d’électrifier 100 % des nouveaux modèles de véhicules particuliers d’ici 2025.
L’impact de la transition écologique diffère en fonction des secteurs : l’activité de certains sera particulièrement touchée (en particulier ceux fortement liés aux énergies fossiles), d’autres verront leur activité croître de façon importante (énergies renouvelables, rénovation du bâtiment, développement des transports doux, partagés et collectifs) ou encore vivront des évolutions internes (passage du véhicule thermique à l’électrique dans les transports). Pour les entreprises, anticiper ces évolutions, organiser et préparer leurs collaborateurs à ces transitions s’avère donc vital.
Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’étude ZEN2050 a évalué que la France doit diviser par deux la consommation d’énergie finale et diminuer ses émissions de 80 % par rapport à 2015, soit 4 % à 5 % par an (versus 0,5 % par an sur les 20 dernières années. L’ampleur de cette transformation est telle que tous les secteurs de l’économie sont concernés : les émissions du secteur agricole diminueraient de moitié tandis que celles des secteurs du bâtiment et du transport atteindraient plus de 90 %. Mais il y a de bonnes nouvelles !