Cette année, le Prix du Livre RH innove : deux catégories distinctes sont à présent récompensées : la catégorie "ouvrage universitaire" et la catégorie "ouvrage professionnel". Les deux ouvrages lauréats des votes du jury cette année invitent à penser en dehors du cadre et à prendre du recul.
Grâce à la lecture exigeante d’une quarantaine d’ouvrages par les étudiants du Master 2 RH du Celsa, six livres présélectionnés ont fait l'objet de débats passionnés parmi les membres du jury du Prix du Livre RH 2024, présidé par Marc-Henri Bernard, DRH du groupe Rémy Cointreau.
Découvrez ci-dessous les deux chroniques littéraires consacrées aux ouvrages lauréats, publiées dans le magazine de l'ANDRH (n° juillet-août 2024).
Par Lisa Teagno, Cheffe de projet Diversité et Inclusion chez Keolis, étudiante Master 2 RH, management et organisations
Existe-t-il un capitalisme responsable ? C’est la question que nous adresse indirectement Laure Bereni dans son ouvrage Le management de la vertu, lauréat du Prix du Livre RH (catégorie « ouvrage universitaire »). Elle nous y livre les fruits de son enquête auprès de responsables diversité en France et aux Etats-Unis. A travers une approche socio-historique et une enquête de long cours, l’auteure interroge les pratiques gestionnaires du « management de la vertu ».
L'auteure explique que la diversité en entreprise active un imaginaire vaste qui institue la diversité au rang d’idéologie renvoyant « à une infinité de traits individuels ou à des cultures réifiées et mises en équivalence ». Elle véhicule ainsi « une vision dépolitisée de la différence et de l’égalité » qui permet d’établir une corrélation entre profit et vertu, donnée d’ailleurs comme évidente à travers le business case for diversity : diversity means business.
Les failles d’une telle corrélation se donnent à voir dans la quête incessante de légitimité des directions diversité – si elles existent – contraintes de négocier leur place dans une rhétorique gestionnaire toujours plus chiffrée. Ces mêmes directions doivent également statuer sur leur positionnement à la fois au sein de l’organisation mais également d’un point de vue plus personnel : servir l’entreprise ou la changer ?
Sitôt le Mois des Fiertés passé, les entreprises abandonnent l’arc-en-ciel sur leur logo et cette même question reste en suspens : servir l’entreprise ou la changer ?
A l’heure où la notion de diversité se donne comme allant de soi, Laure Bereni nous invite à prendre de la distance pour mieux analyser toute la complexité qu’englobe le terme « capitalisme responsable ».
Au-delà de leurs efforts constants de re-légitimation, les responsables diversité sont sommés de « travailler la frontière entre le monde de l’entreprise et la société » dans le but de mettre en symbiose performance et bien commun en évacuant toutes ambivalences et contradictions.
Par Marlène Dupuis, chargée de QVT – Diversité – Handicap, étudiante Master 2 RH, management et organisations au Celsa
Vous est-il déjà arrivé de croire si fort en vos convictions que vous n’envisagiez pas d’autres possibilités ?
En effet, de façon inhérente, il est plus aisé pour tous de ne pas remettre en question ce qui est opérant car cela est plus confortable et rassurant. Cela apparait paradoxal dans notre conjoncture actuelle où tout évolue si rapidement ! Adam Grant, professeur de management à la Wharton School propose de renouveler nos modes de pensée au travers de cet ouvrage, lauréat du Prix du livre RH (catégorie « Ouvrage professionnel »). Il met en exergue qu’il est nécessaire dans notre quotidien d’être davantage en posture d’anticipation, de questionnement, d’humilité et de se détacher de ses présupposés.
Ainsi, il pose des méthodologies inspirées des dernières avancées des sciences cognitives permettant d’aborder les choses sous un nouvel angle afin de challenger nos convictions et d’apprendre à les déconstruire. Il propose ensuite des clés pour encourager autrui à changer d’avis, comme l’entretien motivationnel. Son idéal étant à terme d’incarner une communauté d’apprenants au long cours avec cette volonté de se confronter à des avis divergents et de favoriser l’agilité mentale.
Illustré d’exemples concrets étayant son propos, l’auteur suscite la curiosité du lecteur de bout en bout, en l’amenant progressivement à adopter une pensée plus flexible.
Si cet ouvrage offre des clés pour « repenser » et s’inscrit dans une démarche personnelle, il a un apport indéniable pour le monde professionnel. En effet, véritable boite à outils, cet ouvrage accessible et percutant propose des méthodologies pleinement duplicables dans les organisations.
Développer une culture favorable à l’intégration du changement apparait alors comme un rempart en ces périodes troublées et source de performance et d’innovation. Cet ouvrage est la ressource idéale pour celles et ceux qui se heurtent à la résistance au changement.
Alors n’attendez plus pour lire Think Again et transformer votre manière de penser : embrasser le doute est une force !